Paulo Sargento: "L’opinion publique a été manipulée dans l’affaire Maddie"

"Le plus naturel est que toute personne à qui ait disparu un enfant, préfère avoir autour (de lui) la police et personnes qui, techniquement, vont les aider à la retrouver et ne vont pas rechercher, à titre d’exemple, un prêtre et, immédiatement après, un consultant en image. Il s’agit d’une question de base… Cette préoccupation (des McCann) nous pousse à penser à une chose fondamentale : outre l'éventuelle disparition, il y avait d’autres préoccupations accessoires et celles-là ont gagné en importance (par rapport à l’éventuelle disparition)"



Transcription complete disponible en français ICI, portugais ICI, anglais ICI.
Entrevue exclusive par Duarte Levy. Image par Joana Morais. 2008/2009 © tous droits réservés.

L’affaire Cipriano : Joana serait morte sous les coups de son oncle

Nouveau témoignage à été écrit par Marcos Aragão

L’avocat Marcos Aragão Correia a révélé hier à la presse, en marge du jugement des cinq inspecteurs de la Police Judiciaire (PJ), un document signé par Léonor Cipriano, ou la mère de Joana accuse son frère, João Cipriano, d’être l’unique auteur de l’assassinat de la petite fille.

Dans ce document de huit pages, écrit par la main de l’avocat, Léonor Cipriano explique que son frère l’a convaincue à vendre Joana, mais que "les personnes n'avaient pas l'argent promis (une somme que Léonor n'a pas révélée) et João n'a pas livré la fille".

(Pour lire le document au complet, consultez ici les photos ou le PDF).

Cette énième version serait, selon Marcos Aragão, "la véritable histoire," le témoignage de Léonor racontant exactement ce qu’aurait arrivé à sa fille Joana, disparue en septembre 2004.

"Quand Joana est sortie de la maison, l'intention était de la livrer aux personnes et simuler un rapt", affirme l’avocat, expliquant que son oncle, João Cipriano, avait emporté les vêtements de la fillette dans un grand sac.

Selon Marcos Aragão, Joana aurait tout entendu de la discussion entre João et les acheteurs, menaçant son oncle "qu’elle allait tout raconter," après quoi "il aurait commencé à la battre finissant par la tuer".

D’accord avec ce nouveau témoignage, écrit par Marcos Aragão, Léonor n’était pas présente au moment de la mort de Joana mais João Cipriano lui aurait confessé son crime: quand il est retourné à maison il a essayé de cacher l'homicide, mais, devant l'insistance de Léonor, qui aurait détecté des taches de sang dans les pantalons de son frère, João a fini par admettre avoir tué Joana et avoir caché le corps dans un endroit proche de la maison avant de l’enterrer le lendemain.

amaral large 2.jpgÉnième version vise l’ex-coordinateur Gonçalo Amaral

C’est en marge du procès des cinq inspecteurs de la Police Judiciaire que Marcos Aragão Correia – le même avocat qui affirmait avoir eu une vision de que le corps de Maddie était dans les eaux profondes du barrage d’Arade — à choisie de présenter le document à la presse soulignant que Léonor "a décidé d'oublier et de dire qu'elle ne savait de rien" à cause des "menaces de son frère", mais que la confession de sa participation dans la mort de Joana aurait été faite "sous torture" quand elle a été entendue par les inspecteurs de la PJ.

La nouvelle version des faits entourant la mort de Joana serait d’ailleurs utilisée par l’avocat de Léonor pour pointer du doigt l’ancien inspecteur et coordinateur Gonçalo Amaral, responsable à la disparition et mort de Joana en 2004 et de Madeleine McCann en 2007.

Dans le document que l’avocat a écrit et que Léonor signe, l’ancien inspecteur est accusé de connaitre la vérité : "Si monsieur Gonçalo le sait, alors pourquoi a-t-il demandé qu’on me batte ? Pourquoi ?".

En déclarations à la presse portugaise, l’ancien coordinateur du DIC de la PJ à Portimão, s’est contenté de dire que Léonor Cipriano a déjà été considérée comme psychopathe (voir vidéo du psychologue Paulo Sargento) et qu’elle ment, soulignant que la mère de Joana, aussi bien que son frère João ont été jugés et condamnés pour la mort de Joana, tout "le reste sont des mensonges qui circulent".

L’avocat de Gonçalo Amaral, António Cabrita, va plus loin et après avoir considéré que le document présenté par Marcos Aragão n’a aucune relevance pour le procès en cours contre les cinq inspecteurs, affirme ne pas croire qu’il s’agit d’un discours de Léonor, mais plutôt l’œuvre de quelqu’un d’autre : "une évidente Instrumentalisation de la détenue à d'autres fins", notamment souiller l’image de Gonçalo Amaral.

Révision de la condamnation de Léonor doit attendre la fin du jugement d’Amaral

La demande de révision de jugement de Léonor et João Cipriano restera à attendre le résultat final du procès des cinq inspecteurs de PJ, accusés d’avoir commis des actes de torture au cours d’un interrogatoire, le lendemain de la confession de Léonor en présence de son avocat de l’époque.

En novembre 2005, les deux frères ont été condamnés, respectivement, à 20 ans et quatre mois de prison et à 19 ans et deux mois, mais, en mai 2008, la Cour Suprême de Justice a réduit les peines pour 16 ans et huit mois de prison.

Encore "une donation substantielle" au fonds Madeleine

Gerry_orelha.pngMcCann vs. "The Evening Standard"

Le journal britannique "The Evening Standard" est venu aujourd'hui grossir la déjà longue liste des médias qui, au Royaume-Uni, ont été obligés de présenter ces excuses aux parents de Madeleine McCann.

L'annonce de cette volte-face du The Evening Standard a été faite le même jour ou le père de Maddie affirmait devant les médias portugais qu'il souhaitait "aller de l'avant et non reculer" et qu'il n'avait pas l'intention d'avancer avec des procès en justice contre les médias.

Aux journalistes portugais Gerry McCann a affirmé vouloir "laisser complètement clair que ce qui est arrivé dans le passé, c'est fini", prétendant, d'après lui, se focaliser "sur ce qui peut être fait pour continuer les recherches".

"Ça, c'est notre priorité et cela l’a toujours été. Pourtant, ces choses (de possibles procès en justice) ne sont simplement pas importantes en ce moment," a affirmé Gerry McCann.

Malgré les affirmations du père de Madeleine McCann, de que le couple n'était pas préoccupé avec de possibles procès en justice contre les médias, le journal britannique a été obligé à effectuer "une donation substantielle" au Fond crée après la disparition de Maddie, et de "publier des annonces dans les éditions étrangères d'un autre journal de notre groupe, le Daily Mail, sollicitant des informations qui puissent mener à retrouver Madeleine".

Dans son édition en ligne, le journal "The Evening Standard" écrit que pendant les derniers mois de 2007, "comme une grande partie des médias", il a publié divers articles qui "peuvent être compris comme suggérant que Kate et Gerry McCann pourraient être impliqués dans la disparition de Madeleine".

"Nous regrettons ce fait et nous voulons le clarifier, pour éviter un quelconque doute, qu'on accepte totalement qu'il n'existe aucune preuve qui suggère que Kate et Gerry ont été impliqués dans la disparition de leur fille", écrit le journal.

Une source de la rédaction du quotidien, contactée par SMM, a confirmé que cette annonce est le résultat d'un accord entre la publication et les avocats du couple afin d'éviter un long procès devant les tribunaux où "vu l'énorme appui politique et juridique des McCann, on aurait très peu de chances d'un succès". La même source affirme encore que cette annonce "n'a en rien changé la vision que divers journalistes ont de l’affaire et de la possible responsabilité du couple", mais que dans le futur "il sera impossible de publier une seule ligne que puisse mettre en cause le couple".

Dans son édition en ligne, le The Evening Standard écrit encore qu'il "n'existe pas de preuves que Madeleine ait souffert d'un quelconque mal", ignorant ainsi tous les indices, et la propre logique liée a ce genre d’affaires, qui indiquent que la petite britannique serait morte.

Un ex KGB à la tête du The Evening Standard

Le milliardaire et ancien agent du KGB, Alexandre Lebedev, pourrait devenir dans les prochains jours, le nouveau propriétaire du The Evening Standard, ce que laisse envisager un hypothétique changement de la ligne éditoriale, c’est du moins ce qu’attendent plusieurs journalistes, mécontents avec la direction suivie par le quotidien et inquiets avec sa situation financière.

Si la vente se confirme, l’ancien espion serait le premier russe à devenir propriétaire majoritaire d’un grand journal britannique : selon les termes de l’accord de vente, Lebedev détiendra 76 % du journal, les restants 24 % restant propriété de Daily Mail & General Trust, l’actuel propriétaire.

Ce n’est pas la première fois qu’un grand quotidien anglais devient la propriété d’étrangers, un australien à acheté The Times, The Sun et le News Of The World, et un canadien avait, dans le temps, était le propriétaire du The Telegraph.

Duarte Lévy

Version portugaise