Signe d’un évident malaise de la justice portugaise, la décision de l’Ordre des Avocats de se constituer, pour la deuxième fois de son histoire, assistante dans un nouveau procès visant des inspecteurs de la Police Judiciaire (PJ) est vue comme un grave conflit d’intérêts.
La décision prise par le bâtonnier Marinho Pinto est analysée par certains de ses paires avec une certaine suspicion, car elle pourrait avoir été prise dans l’intérêt privé du responsable une fois que dans ce nouveau procès – qui débute ce mercredi devant le tribunal de Lisbonne – l’allégué victime est défendue par Jerónimo Martins, vice-président de l’Ordre, et par la fille du bâtonnier, Bárbara Marinho Pinto.
L’Ordre des Avocats sous la direction de Marinho Pinto s’était déjà illustré pour être devenue assistante dans le procès, en cours dans le tribunal de Faro, contre cinq autres inspecteurs de la PJ accusés d’actes de torture sous la personne de Léonor Cipriano, parmi eux Gonçalo Amaral.
Curieusement, dans ce dernier procès, la décision prise par l’Ordre des Avocats (OA) pourrait être également entachée par l’existence d’un conflit d’intérêts si l’on tient compte du rôle de Marinho Pinto dans la divulgation des photos des supposés résultats physiques de l’agression à la mère de Joana, avant que celui-ci ne devienne le bâtonnier.
Si l’on tient compte de que dans le procès en cours dans le tribunal de Faro ou l’OA est assistante, Gonçalo Amaral, l’ancien coordinateur de la PJ dans l’enquête à la disparition de Madeleine McCann, est un des accusés, l’affaire risque de devenir encore plus embarrassante, car Bárbara Marinho Pinto, fille de l’actuel bâtonnier, travaille pour le cabinet de Rogério Alves, ancien bâtonnier et avocat de Kate et Gerry McCann.
La situation est d’ailleurs dénoncée aujourd’hui, en déclarations au quotidien portugais Correio da Manhã, par António Pires de Lima, un ancien bâtonnier de l’OA. Selon ce juriste, il existe une évidente et grave "incompatibilité morale" entre les intérêts privés de Marinho Pinto et ceux de l’Ordre des Avocats de laquelle il est le visage auprès du public. À ce propos, il est intéressant de constater que l’avocat António Pires de Lima n’écarte pas la possibilité de l’existence d’une "incompatibilité légale". Reste à savoir ce que pensent les milliers da professionnels que l’Ordre est censé représenter.
Dans ce nouveau procès, un fonctionnaire des chemins de fer portugais – CP — (l’équivalente de la SNCF pour les français) accuse cinq inspecteurs d’agression au cours d’un interrogatoire même s’il ne reconnaît que trois. Les faits remontant à mars 2000.
Procès Cipriano fait partie du conflit ouvert entre la PJ et le MP
Le procès en cours dans le Tribunal de Faro ne serait qu’un épisode de plus dans le conflit entre les magistrats du Ministère Public (MP) et la Police Judiciaire (PJ). C’est la conclusion qui ressort de l’analyse des comptes rendus et autres documents du procès ou l’ancien coordinateur du Département d’Investigation Criminelle (DIC) de la PJ à Portimão apparait dans le banc des accusés accompagné par quatre autres inspecteurs.
Le déroulement du procès s’est, jusqu’à aujourd’hui, illustré par entre les trous de mémoire de Léonor Cipriano et par la persécution de son avocat à l’encontre de Gonçalo Amaral, sans que de véritables preuves des prétendues agressions aient été présentées.
Après avoir trainé plusieurs années entre les mains d’au moins quatre Procureurs, le dossier des prétendues agressions à Léonor Cipriano est arrivé au Tribunal de Faro, révélant l’existence d’un grave conflit entre la magistrature et la Police Judiciaire, ou se mêlent des accusations de part à part qui pourraient expliquer bien des choses.
Duarte Levy
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